L’élection présidentielle du 11 avril au Tchad approche à grands pas. L’opposition lance un appel au boycott face au président candidat Idriss Déby, qui brigue un sixième mandat.
La Cour suprême a validé dix dossiers pour l’élection présidentielle du 11 avril. Mais Idriss Déby, grand favori, ne devrait avoir face à lui que sept adversaires. Certains candidats de l’opposition ayant décidé de jeter l’éponge finalement. A moins d’une semaine de l’élection, la tension est montée d’un cran. Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile sont en faveur du boycott, à l’instar de Saleh Kebzabo, Théophile Bongoro et Ngarledji Yorongar, trois figures majeurs de l’opposition. A travers cet appel au boycott, les opposants à Idriss Déby dénoncent l’absence de transparence du processus électoral. Ils soutiennent que « les conditions ne sont pas réunies pour assurer un scrutin crédible et transparent ».
Un appel au boycott qui divise
Le principal opposant Saleh Kebzabo s’est retiré du processus électoral, suite à l’incident ayant entraîné la mort de la mère et du fils de Yaya Dillo Djerou, un autre opposant au pouvoir. Il avait alors tweeté « le martyre d’une vieille dame de 80 ans et de son petit-fils de 11 ans viennent me renforcer dans cette conviction. J’ai décidé de suspendre ma participation au processus électoral. Nous avons des dirigeants indignes du peuple tchadien dont ils ont confisqué la souveraineté ». Il dénonce « une mascarade » et « une militarisation évidente du climat politique » par Déby, pour se maintenir à la tête de l’Etat. Même si de nombreux opposants sensibilisent les populations au boycott, affirmant que cette élection est « sans enjeu » depuis le lancement des campagnes, d’autres tiennent à affronter le président sortant aux urnes.
Lydie Beassemda, première femme candidate à l’élection présidentielle exhorte la population à voter pour sa candidature afin d’assurer un avenir meilleur au Tchad, et d’entrer dans l’histoire avec l’élection d’une femme. « N’écoutez pas ceux qui vous disent de ne pas voter parce qu’ils ne seront pas là pour régler vos problèmes. Ils ne seront pas là quand vos familles auront faim. Vous, vous devez exprimer votre colère, vos revendications, en disant que vous voulez un Tchad fédéral » a déclaré la candidate.
Le front uni affiché il y a des semaines par l’opposition se fissure. Entre les partisans du boycott, et ceux qui en appellent au pouvoir des urnes, la discorde est au rendez-vous.
Qu’en pense le camp de Déby ?
Le président Déby a régi aux appels au boycott de l’élection présidentielle, jeudi dernier, lors d’un meeting. Il a déclaré que « tous ceux qui voudraient d’une manière ou d’une autre empêcher les Tchadiens d’aller voter le 11 avril me verront devant eux ». Un message fort et clair adressé à l’opposition. Alors que les campagnes des candidats prennent fin vendredi, le climat politique continue à se détériorer dans le pays. Certains Tchadiens affichent clairement leur désintérêt pour la politique notamment la jeunesse, qui constitue la majeure partie de la population.