Après quatre mois d’attente des résultats du référendum tenu en décembre dernier, les huit amendements constitutionnels, présentés par le président Georges Weah sont rejetés. La réduction du mandat du chef de l’Etat est mise en échec.
Le référendum du 8 décembre 2020 a rassemblé environ 2,5 millions de personnes, pour se prononcer sur huit amendements, parmi lesquels la réduction du mandat présidentiel de six à cinq ans et un autre réduisant celui des sénateurs de neuf à sept ans. Les huit propositions ont recueilli plus de 50% de « Oui », mais aucune n’a atteint le « seuil constitutionnel des deux tiers » pour être approuvée.
Remise en cause de la légitimité présidentielle
Le référendum porté par l’ancien footballeur international Georges Weah, vient clore le débat sur les amendements de la Constitution de 1986. L’opposition libérienne estime que l’ancienne vedette du PSG et de l’AC Milan, instrumentalise le changement constitutionnel pour briguer de nouveaux mandats, à l’instar des pays voisins comme la Guinée et la Côte d’Ivoire. Des allégations démenties par l’entourage du président.
L’échec du référendum refroidit les aspirations placées en la personne de Georges Weah. Ce dernier avait suscité un espoir lors de la campagne présidentielle de 2018, dans un pays ravagé par la guerre civile et l’épidémie d’Ebola. Son élection inspirait le renouveau tant sur le plan politique qu’économique, pour cet Etat d’Afrique de l’Ouest. Mais face à son incapacité à redresser l’économie et relancer la croissance, sa légitimité est fortement remise en question.
La double nationalité divise toujours
Outre la réduction des mandats du président, et des sénateurs, cette révision constitutionnelle visait également à se pencher sur la possibilité d’avoir la double nationalité pour les citoyens. La double nationalité est interdite depuis 1973. Le projet de Weah prévoyait que tout enfant né d’au moins un parent libérien serait automatiquement citoyen et aurait par conséquent le droit de détenir une autre nationalité. L’accès à la bi-nationalité permettrait d’accéder à certains droits comme la propriété au Libéria, jusque là défendu. Pour cette république fondée au XIXe siècle sous l’impulsion américaine, les nombreux membres de l’élite, des américano-libériens voient la proposition de modification des règles en matière de nationalité d’un bon œil. Les Libériens, présents sur le sol national, leur reprochent d’appauvrir le pays en utilisant l’argent gagné au Libéria pour se construire des propriétés aux Etats-Unis. Cette question continue à diviser, bien que l’amendement n’ait pas été approuvé.