Des organisations de défense des droits de l’Homme alertent sur « l’instrumentalisation des origines et identités ethniques à des fins politiques » suite aux événements meurtriers ayant secoué le pays dans le contexte de l’affaire Sweet Beauty.
Le secrétaire général de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) a déclaré « ce qui nous préoccupe, c’est vraiment cette forme d’instrumentalisation ethnique et régionaliste par des politiques, que ce soit du côté du parti au pouvoir, que ce soit du côté de l’opposition. Partout, effectivement, on a senti qu’il y a soit des références, soit des insinuations, et c’est très dangereux ». Chose qui ne ressemble pas réellement au Sénégal.
Le pays de la Teranga est réputé pour une certaine cohésion nationale, bien qu’il compte quatre grands groupes ethniques, comprenant des sous-groupes minoritaires. Les principaux groupes sont les Wolofs, les Halpulaars avec les Peulhs et Toucouleurs, les Sérères et les Diolas. Le secrétaire général de la RADDHO avertit sur le fait que « c’est un danger que de vouloir secouer ces questions là, dans l’espace politique. C’est pour cela que nous lançons un appel, pour que cela cesse, pour que ces procédés qui sont inacceptables et qui peuvent être vraiment très lourds de conséquences soient évités dans la scène politique ».
L’affaire Sonko, a agité le pays, avec des scènes de violence inédites, méconnues pour cet îlot de stabilité. Pourtant, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. La vague de revendications sur fond de crise économique et contestations sociales, aggravées par la pandémie, reflète un ras-le-bol des sénégalais. Un alignement des étoiles propice aux politiques utilisant l’argument communautaire, pour instrumentaliser l’opinion publique.
A titre d’exemple, le patron du journal sénégalais « Avenir Communication » avait récemment écrit « on aura noté que les rares personnalités politiques de l’APR et originaires de la Casamance qui ont affiché une position publique critique à Ousmane Sonko et/ou favorable au président Macky Sall, sont des ethnies peulh, mancagne, manjack. Il reste curieux que les personnalités politiques ‘diola’ les plus en vue dans le camp présidentiel sont encore aux abonnés absents dans le débat public sur cette affaire ». Un appel à la division, pour certains, qui n’est pas passé inaperçu.
Plusieurs ONG à l’instar d’Amnesty International Sénégal, la Ligue sénégalaise des Droits Humains, la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, ou encore des personnalités publiques et politiques dénoncent ce type de discours appelant à la haine, la discrimination, et l’ethnicisation. Le Sénégal est et restera multiethnique. Une véritable richesse cultivée par le pays, assurant une stabilité sociale millénaire entre les ethnies.