Le pays des mille collines a commémoré mercredi 07 avril le triste anniversaire du génocide contre les Tutsi. Le président rwandais Paul Kagamé et sa femme ont allumé la symbolique stèle qui orne le mémorial dédié à toutes les victimes. 27 années après, le traumatisme est encore loin d’être effacé.
Chaque année, les rwandais rendent un hommage solennel aux victimes ayant perdu la vie entre avril et juillet 1994, à travers des veillées rituelles, un deuil national de cent jours et des activités commémoratives couvrant tout le pays. Ce 27e anniversaire est marqué par l’appel lancé par la Commission nationale pour l’unité et la réconciliation, exhortant le peuple rwandais à « s’unir et à lutter contre le divisionnisme et l’idéologie du génocide pour veiller à ce que cette tragédie ne se reproduise plus jamais ».
En raison de la crise sanitaire, la commémoration est adaptée aux mesures de prévention et aux restrictions imposées. Les Rwandais n’ont pas pu se rendre au mémorial de Gisozi. La « marche du souvenir » en hommage des victimes, qui constitue l’un des moments forts est annulée et remplacée par des émissions télévisées sur les success-stories des survivants.
Le rapport Duclert
Cette année, la France a ouvert les archives de l’ancien président François Mitterrand ainsi que celles de son premier ministre de l’époque, Edouard Balladur. 27 ans après, jour pour jour, pour mettre la lumière sur le rôle joué par la France, dans le génocide des Tutsi.
Paul Kagamé a salué le rapport de la Commission Duclert, estimant qu’il « marque un important pas en avant vers une compréhensions commune de ce qu’il s’est passé ». Ce rapport « marque aussi un changement, il montre un désir même chez les dirigeants en France d’avancer avec une bonne compréhension de ce qu’il s’est passé. Nous saluons cela » a ajouté le président rwandais lors du traditionnel discours à l’occasion de la cérémonie de commémoration.
Après deux années d’analyse des archives, dont certaines n’avaient jusqu’à présent pas été ouvertes, le rapport Duclert a conclu que si « rien ne vient démontrer » que la France s’est rendue complice du génocide, elle porte des « responsabilités lourdes et accablantes » en étant « demeurée aveugle face à la préparation » du génocide.
En 27 ans, le Rwanda a retrouvé une cohésion sociale, applaudie par la communauté internationale, et le pays a connu un développement spectaculaire avec un taux de croissance parmi les plus élevés au monde. Mais ce crime contre l’humanité hante aujourd’hui encore les survivants du génocide, et tout le peuple rwandais. Ces mémoires douloureuses constituent néanmoins la mémoire commune rwandaise, obligeant l’humanité toute entière à se souvenir des crimes commis par elle et contre elle.