Le Conseil des ministres soudanais, s’est réuni mardi 06 avril, et a approuvé un projet de loi visant à abroger le boycott d’Israël en vigueur depuis 1958. Le Soudan avait normalisé ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu en octobre 2020.
Pour entrer en vigueur, le projet de loi approuvé en Conseil des ministres doit être entériné par la plus haute autorité du pays, le Conseil de souveraineté, pour avoir force de loi. Cette décision soudanaise, de lever le boycott, intervient après la vague de normalisation des relations avec Israël par les pays arabes notamment le Maroc, le Bahreïn et les Emirats arabes unis. Cela dit, même si le Soudan normalise ses relations avec Israël, il réaffirme « sa position ferme », en faveur de la solution à deux Etats avec la création d’un Etat palestinien aux côtés de celui d’Israël.
Aux origines des tensions
Depuis son accès à l’indépendance en 1956, le Soudan est un pilier du front anti-Israël en Afrique. Khartoum avait notamment accueilli, quelques semaines après la guerre des Six-Jours en 1967 un sommet de la Ligue arabe où sont énoncés les « trois non » : non à la paix, non à la reconnaissance et non à la négociation avec l’Etat hébreu. Durant des décennies et avec le règne d’Omar El-Bachir jusqu’en 2019, le Soudan a considéré Israël comme faisant partie de la « galaxie de ses ennemis ». Ce n’est qu’à partir de 2020, qu’une détente est amorcée.
Normalisation des relations
Le rapprochement entre les deux Etats a conduit à la signature des « Accords d’Abraham » par le Soudan et Israël en janvier dernier, quelques semaines après le retrait de Khartoum de la « liste noire » américaine des Etats accusés de financer le terrorisme. Cet accord doit encore être ratifié par le pouvoir législatif avant d’entrer en vigueur. Or le Soudan ne dispose toujours pas d’un Parlement.
Cette réconciliation politique est accompagnée d’une volonté économique à attirer les investisseurs internationaux au Soudan. Le lancement de la procédure d’abrogation de la loi sur le boycottage d’Israël illustre bien cela. En effet, la loi de 1958 interdit les échanges commerciaux avec l’Etat hébreu, avec des personnes de nationalité israélienne ou encore des entreprises appartenant à des Israéliens. Elle empêche également l’importation de produits fabriqués ne serait-ce que partiellement en Israël. La violation de cette loi peut entraîner jusqu’à dix années en prison ainsi qu’une lourde amende.
La reprise des relations avec l’Etat hébreu est loin de faire l’unanimité dans la société soudanaise. Les Soudanais avaient vivement manifesté en janvier, lors de la signature des accords, devant le siège du gouvernement, brûlant des drapeaux israéliens.